Elle semble bien apprécier la compagnie de l’homme qu’elle séduit volontiers par son chant. Zinzibulant de régulières onomatopées aiguës, elle ponctue le silence de notes mélodieuses et apaisantes. Elle, c’est la mésange charbonnière, un locataire poids plume qui s’invite dans les jardins. Portrait.
Un volatile poids plume et coloré
La mésange charbonnière est une petite boule de poils, dont le poids adulte n’excède guère 29 g. Pour une envergure de 25 cm entre la pointe des deux ailes, l’oiseau fait 15 cm de long. Il arbore une fière allure avec son ventre jaune et la cravate noire caractéristique le coupant en deux, sous le bec jusqu’à la queue. Bien définie chez le mâle, cette délimitation tend à être moins remarquable chez la femelle. Le manteau verdâtre se déploie dans des nuances grises bleutées au niveau de courtes ailes. Une bande alaire blanche traverse ces membres. Le même reflet gris-bleu se retrouve au niveau des pattes, extrémités griffues permettant à la bête d’exécuter toutes sortes d’acrobatie sur les branches. La mésange charbonnière affiche des pommettes triangulaires blanches, soulignant des yeux noirs passant presque inaperçus sous le pelage de jais qui lui recouvre la tête. S’il évolue dans un écosystème sauvage, l’oiseau ne peut prétendre survivre qu’à une moyenne de 4 ans. Son espérance de vie de base se chiffre, pourtant, à une quinzaine d’années. La tonalité mélodieuse de son chant monosyllabique constitue le trait distinctif de la très belle mésange charbonnière. Zinzinuler, zinzibuler, titiner sont autant de termes pour décrire l’oiseau en train de vocaliser. L’été, c’est par ses chants que l’on peut détecter sa présence, alors que les buissons ou les excavations dans les arbres dissimulent son corps minuscule.
L’adaptation au cœur du mode de vie
La mésange charbonnière développe des habitudes de vie où l’on retrace un sens de l’adaptation très développé. Dans la forêt, cette espèce eurasiatique aime nicher dans les trous et cavités naturellement creusés dans les arbres. D’autre part, elle investit volontiers les vergers, les jardins et toute autre aire proche des habitations humaines. Une boîte aux lettres, des haies, des nichoirs sont des aménagements que l’oiseau tourne rapidement en résidence principale. L’opportunisme qui le caractérise s’observe dans la manière dont il se nourrit. Majoritairement végétarienne durant les saisons froides, la mésange se délecte de bourgeons, de nectar, de sève arboricole et de baies. Quand elle ne trouve rien d’autre, elle peut piquer dans une bouteille de lait oubliée sur le pas-de-porte. Les mangeoires contenant des pains de graisse, du maïs, des cacahuètes et de graines de tournesol font également leurs délices. L’aspect pointu de son bec lui sert, inversement, à dénicher toutes sortes d’insectes pour constituer sa pitance au retour des beaux jours. Fourmis, vers, criquets et sauterelles composent l’essentiel de ses rations ponctuées, ici et là, de graines de hêtre ou de cerises. L’organisation sociale, centrée sur le couple à la période de reproduction, se détend également aux saisons rudes. La mésange charbonnière devient, alors, grégaire, se mêlant même à d’autres espèces.
Mésange charbonnière : perpétuer l’espèce
Cinq à douze : c’est le nombre d’œufs qu’une mésange charbonnière assume dans une couvée. Celle-ci est accueillie dans un nid méthodiquement construit pour sécuriser les œufs et assurer le confort des petits héritiers. Des poils et des plumes sont placés en rembourrage au creux d’une paroi extérieure faite de mousse. Le nid n’est pas placé n’importe où. Une démarche de prospection pointilleuse, enclenchée dès le mois de février, précède son édification. Du classique trou dans les arbres aux nichoirs aménagés, en passant par les vieux équipements comportant un creux, toutes les structures sont bonnes à considérer. Tandis que la femelle est occupée au montage de la pouponnière, le mâle assure la logistique alimentaire pour les jours critiques. Il délimite le territoire sur lequel il va se procurer de quoi nourrir les petits à leur arrivée. Les parents assurent leur subsistance pendant 21 jours, avant de les libérer à leur propre autonomie. La manière dont les oisillons sont alimentés fait de la mésange charbonnière une espèce précieuse pour les férus de permaculture. Il semble que les parents picorent jusqu’à 900 chenilles par jour, lors des pics de nourrissage et selon la taille de la couvée. Ils ne laissent littéralement aucune feuille non retournée. La protection des bourgeons des pommiers, des choux frisés et d’autres plants de fleurs, contre ces nuisibles, est garantie par autorégulation de la nature.